Les agriculteurs français ne sont pas d’accord : La réduction du nombre de vaches n’est pas la solution pour diminuer les émissions de CO2

Les agriculteurs français ne sont pas d’accord : La réduction du nombre de vaches n’est pas la solution pour diminuer les émissions de CO2

juillet 19, 2023 Non Par ACF

Les éleveurs de bovins soutiennent que la réduction du nombre de vaches entraînerait une plus grande dépendance à l’égard de la viande importée. La Cour des comptes, une juridiction indépendante chargée de contrôler les fonds publics, affirme que la France doit réduire son cheptel de vaches pour respecter ses engagements en matière de changement climatique.

Récemment, le gouvernement français a présenté un plan visant à accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce plan comprend un objectif de réduction des émissions de 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux enregistrés en 1990.

Dans le cadre de ce plan, il est prévu de réduire les émissions provenant de l’agriculture de près de 20 % au cours de la même période. Toutefois, les détails spécifiques sur la manière dont la France entend atteindre cet objectif n’ont pas encore été divulgués.

Pourquoi la France doit-elle réduire son nombre de vaches ?

On estime que les élevages de bovins en France, qui abritent environ 17 millions de vaches, sont responsables de près de la moitié de l’ensemble des émissions agricoles. Au total, elles contribuent à 12 % des émissions globales de la France.

Dans sa déclaration, la Cour souligne que l’état actuel de l’élevage bovin n’est pas propice à la préservation du climat. Malgré la mise en œuvre d’autres mesures visant à atténuer les gaz à effet de serre, telles que la séquestration du carbone dans le sol, les émissions globales restent remarquablement élevées.

Des agriculteurs traient des vaches à la veille de la journée d'ouverture du salon de l'Agriculture à Paris
Des agriculteurs traient des vaches à la veille de la journée d’ouverture du salon de l’Agriculture à Paris

Le rapport de la Cour des comptes a été rendu public lundi 22 mai, à l’occasion de la présentation par le Premier ministre Élisabeth Borne du nouveau plan de réduction des émissions de carbone dans tous les secteurs.

La Cour des comptes a demandé au ministère de l’agriculture de présenter sa stratégie de réduction des émissions de méthane, en soulignant qu’une diminution substantielle du cheptel bovin est nécessaire. La Cour a révélé que le ministère s’était déjà fixé pour objectif de réduire le cheptel bovin de 17 millions à 15 millions d’ici 2035, puis de le ramener à 13,5 millions d’ici 2050.

Le rapport souligne également que la France pourrait maintenir une production de viande suffisante pour nourrir sa population sans dépendre des importations si le public adhérait aux lignes directrices suggérant une consommation hebdomadaire maximale de 500 g de viande.

Comment les éleveurs ont-ils réagi aux réductions recommandées ?

Les éleveurs français s’opposent à l’idée de réduire le nombre de vaches dans le pays, affirmant que ce n’est pas la solution. L’Association française interprofessionnelle du bétail et de la viande, Interbev, a publié une déclaration soulignant que les champs où paissent les vaches jouent un rôle crucial dans la capture du carbone et la sauvegarde de la biodiversité.

En outre, Interbev craint qu’une nouvelle réduction du cheptel bovin n’entraîne une augmentation des importations de viande, ce qui soulève la question de savoir si le fait de sacrifier le modèle d’agriculture durable et la souveraineté alimentaire du pays est un compromis souhaitable.

Interbev a regretté que la question du climat soit souvent réduite aux seules questions liées au carbone, soulignant que des aspects plus larges doivent être pris en compte.

En réponse au débat, le ministre de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, Marc Fesneau, s’est rendu sur Twitter et a publié une réponse détaillée. Il considère les suggestions de « réduction forcée des effectifs » comme curieuses et potentiellement déconnectées de la réalité.

Le ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Marc Fesneau, a publié un long message sur Twitter
Le ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Marc Fesneau, a publié un long message sur Twitter

M. Fesneau a soulevé une question pertinente sur les conséquences potentielles d’une telle mesure, se demandant si elle entraînerait une augmentation des importations de denrées alimentaires. Il s’est également demandé si les émissions nécessaires pour nourrir le pays ne seraient pas hypocritement exclues du décompte total des émissions de la nation.

La Cour des comptes a souligné le fait que les faibles revenus et les conditions de travail difficiles ont déjà conduit les exploitations agricoles à réduire leur taille ou à fermer. En conséquence, le nombre de vaches en France a déjà diminué, passant de 20,3 millions en 2000.

La Cour a recommandé que les « agriculteurs en difficulté » soient indemnisés pour leur permettre de « s’orienter vers d’autres systèmes de production » ou de « changer d’orientation professionnelle ».